L’un des grands intérêts à s’inspirer des femmes d’exception est la faible probabilité de les voir rattrapées par un scandale de violences sexuelles ou autres. Je ne vais pas les lister ici mais je ne compte plus les hommes illustres dont j’ai découvert un jour qu’ils avaient commis des actes abominables. Actes dont on apprend souvent, au moment de leur révélation, qu’ils étaient en réalité connus de longue date.
Car ne nous y trompons jamais, ce ne sont pas les victimes qui finissent par parler, mais le monde qui se décide enfin à les écouter.
A force de découvrir les histoires de toutes ces femmes incroyables, j’ai aussi fini par les voir comme des personnes inspirantes, sans forcément les ramener à leur sexe. Et par me débarrasser du léger pincement au coeur à ne guère m’intéresser à l’histoire des hommes, celle-ci étant par ailleurs largement racontée sans avoir besoin de ma contribution.
Mais tout de même, lorsque mon fils m’a demandé un jour si je connaissais aussi « des hommes exceptionnels », je me suis dit qu’il serait bon de me poser la question, pour qu’il puisse bénéficier également de quelques role models masculins.
Le choix du titre de cette page n’est pas anodin. Il se veut un hommage à ce petit coin sacré qui est un haut lieu de la vulnérabilité masculine. Car oui messieurs, lequel d’entre nous n’a jamais prolongé excessivement un séjour aux toilettes pour échapper à une discussion difficile avec sa conjointe ou à une tâche domestique par trop complexe?
Ne nous jugeons pas messieurs, notre vulnérabilité est notre force. Mais la prochaine fois que vous vous enfermerez au petit coin, peut-être pourriez vous délaisser un moment l’Equipe et Auto Magazine, pour vous plonger dans la lecture d’un portrait des chères oubliées?
Voici donc la liste de « mes hommes d’exception »
- Albert Moukheiber. Brillant docteur en neurosciences, il m’a appris à ne plus m’épuiser à être en permanence la meilleure version de moi même, mais plutôt la bonne version de moi même. Ne pas chercher en permanence la perfection et l’excellence, car on s’y épuise vite et on y perd le plaisir de l’existence. Je vous recommande son interview dans le podcast InPower de Louise Aubery. » Je ne serai jamais le meilleur, et c’est ok »

- Baptiste Beaulieu. Parce qu’il m’a appris qu’on pouvait faire de la politique hors du champ politique. Médecin humaniste et engagé, c’est aussi un formidable écrivain, pour les enfants comme pour les adultes. Je vous recommande son interview dans le podcast InPower de Louise Aubery.

- Ben Mazué. Parce qu’aucun homme ne chante l’amour comme lui, avec douceur et sensibilité. L’amour pour son ou sa conjoint·e, l’amour pour ses enfants, l’amour pour la vie. Mes trois chansons préférées, et ce fut très dur de choisir, « Cécile gagnant », « Tu m’auras tellement plu » et « Tous tes amis l’adorent ».
Il m’a aussi transmis le fil rouge que j’utilise au quotidien dans l’éducation de mes enfants:
« Leur apprendre à être heureux avant d’être brillant
Leur apprendre à être heureux souvent, souvent »

- Benoit Biteau. Parce qu’il est une des grandes figures du combat pour une écologie vivante et sans pesticides, et contre les méga-bassines. Engagé auprès des soulèvements de la terre, il démontre chaque jour la noblesse de ce métier de paysan si maltraité par la FNSEA et les lobbys mortifères de l’agrochimie et de l’agrobusiness. Et puis un peu pour sa moustache aussi…

- Carlos Murias. Parce que si le fanatisme chrétien, l’homophobie de la manif pour tous et les crimes sexuels de l’Eglise m’ont beaucoup éloigné du catéchisme de mon enfance, il me rappelle que certains ont su mettre leur foi au service des plus misérables, et ce jusqu’à la mort. Egalement parce que si je n’ai pas la foi en Dieu, je crois que nous avons toutes et tous besoin d’une forme de spiritualité et de transcendance. Et que la religion, quand elle relie au lieu de déchirer, peut parfois jouer ce rôle.

- Cédric Herrou. Parce qu’il est pour moi l’incarnation de la fraternité, si souvent oubliée dans la devise de notre République. La fraternité universelle, pas celle qui s’arrête à la couleur de la peau, à la religion ou à la nationalité. Son combat pour les personnes exilées, qui lui a valu d’être menacé et traîné en justice alors qu’il voulait simplement faire respecter la loi, est pour moi un immense exemple de courage et d’humanité. Je vous recommande son livre « Change ton monde », une pépite!

- Charles Pépin. Parce qu’il m’a fait regretter de ne pas avoir eu une bonne prof de philosophie en terminale. Mais je rattrape le temps perdu en écoutant les épisodes de son podcast « Une philosophie »

- Cyril Dion. Pour son engagement bien sûr, avec son film « Demain » et son livre « Petit manuel de résistance contemporaine » qui m’a fait prendre conscience des limites de l’action individuelle. Bien sûr il faut découvrir les trésors de la cuisine végétarienne, prendre le temps de voyager, découvrir ou redécouvrir les trésors touristiques de la France et des pays voisins. Mais si vous voulez avoir de l’impact, faites collectif, partout où vous le pouvez.
Aussi parce qu’il a eu le courage de parler de sa santé mentale, de son burnout et du viol qu’il a subi étant enfant. J’ai appris avec lui qu’on ne pouvait pas se réparer en réparant le monde. Un homme qui expose sa vulnérabilité et en fait une force, c’est hyper inspirant. Je vous recommande l’épisode du podcast « Folie douce » où il est reçu par Lauren Bastide.

- Damien Carême. Pour avoir fait tout ce qui était en son pouvoir pour accueillir dignement les exilés sur la commune de Grande-Synthe dont il était maire. Il fait partie de ces politiques qui me donnent encore envie de croire à son pouvoir transformateur. Et il démontre qu’on ne peut pas faire d’écologie sans s’attaque aux violences faites aux hommes, aux femmes et aux enfants, quelle que soit leur religion ou leur couleur de peau.

- Didier Valentin alias Dr Kpote. Animateur de prévention sur la sexualité et les conduites addictives depuis 2001, il intervient sans relâche auprès des collégiens et lycéens pour déconstruire les stéréotypes de genre et s’attaquer à la masculinité toxique. Et parce que les adultes ont autant besoin que les enfants de se former sur ces sujets, je vous conseille la lecture de son livre « Pubère la vie ».

- Edwy Plenel. Parce qu’il est l’un des membres fondateurs de Médiapart, dont il a occupé la direction entre 2008 et 2024. Un journal dont le formidable travail est chaque jour plus essentiel dans un monde médiatique ultra concentré dans les mains de quelques milliardaires. C’est aussi lui qui avait révélé l’affaire du Rainbow Warrior, le bateau de Greenpeace coulé par les services secrets française en Nouvelle-Zélande en 1985.

- Eddy de Pretto. Pour la finesse et la puissance de ses textes. Pour avoir le courage également de s’attaque en chanson à la masculinité toxique. Sa chanson « Kid » est un vrai bijou. Il est aussi très engagé dans la lutte contre l’homophobie, il a prêté sa voix à un documentaire de Médiapart bouleversant mais ô combien nécessaire sur le phénomène des guet-apens homophobes.

- Fabrice Arfi. Pour son courage et son intégrité journalistique. Membre du pôle enquêtes de Médiapart, il est à l’origine de nombreuses révélations sur les affaires Woerth-Bétancourt, Cahuzac, Karachi ou Sarkozy Kadhafi. J’ai eu la chance d’assister à plusieurs de ses interventions et franchement, on entendait les mouches voler.
Sur l’affaire Sarkozy Kadhafi, outre ses nombreux articles sur Médiapart je vous recommande le documentaire « Personne n’y comprend rien »

- Feris Barkat. Parce qu’il me rappelle que les CSP n’ont absolument rien à apprendre aux quartiers populaires en matière d’engagement, c’est même tout l’inverse. Il a co-fondé en 2022 avec Sanaa Saitouli, Abdelaali El Badaoui et Sefyu l’association Banlieues climat, qui vise vise à fédérer, sensibiliser, inspirer les populations des quartiers populaires sur les questions environnementales et climatiques afin de faire émerger leurs voix et de développer leur pouvoir d’agir.

- Gael Faye. Parce que chacune des ses chansons est de la poésie brute, du génie à l’état pur. Parce qu’il a su transformer sa souffrance de survivant en un immense amour de la vie et de la beauté du monde. Mes trois chansons préférées (là encore le choix fut rude), « Isimbi », « Des graines » et « Paris métèque ».
Je vous recommande aussi ses deux romans, « Petit Pays » et « Jacaranda ».

- Harvey Milk. Pour son courage et sa vista politique, au service de toutes et tous. Aussi parce qu’il a finalement réussi à se faire élire conseiller municipal à San Francisco en faisant campagne contre les crottes de chien, ça nous fait quelque chose en commun!


- Klaus A Vogel. Rongé par la culpabilité de ne pas avoir pu aider les boat people vietnamiens dans sa jeunesse, il a fondé en 2015 avec Sophie Beau l’ONG SOS Méditerranée. Entre 2016 et 2024 leurs bateaux Aquarius puis Ocean Viking ont sauvé la vie à plus de 40 000 personnes, dont 25% d’enfants. Les équipes de SOS Méditerranée font preuve chaque jour d’un courage et d’un professionnalisme exceptionnels pour pallier à la lâcheté des gouvernements européens, qui renoncent à leur obligation de sauvetage et laissent se noyer chaque année des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants. Avec pour seul objectif de satisfaire aux délires racistes et complotistes d’une extrême-droite de plus en plus décomplexée.

- Martin Winckler. Parce qu’il m’a parfois fait regretter de ne pas être devenu médecin. J’ai eu la chance d’assister à une de ses conférences au festival du journalisme vivant organisé par la Revue XXI, un moment que je n’oublierai jamais. Il est un des pionniers de la dénonciation des maltraitances médicales faites aux femmes. Quelques-uns de ses ouvrages: « La maladie de Sachs », « Tu comprendras ta douleur ! – Pourquoi vous avez mal et que faire pour que ça cesse », et « Les brutes en blanc »

- Mehdi Hasan. Parce que le media indépendant Zeteo qu’il a fondé en 2024 est la meilleure source d’information que j’ai trouvé sur le génocide à Gaza et sur la vie politique aux Etats-Unis. C’est aussi un orateur d’exception, avec une maîtrise impressionnante de ses sujets, vous pourrez vous en convaincre en regardant cet incroyable épisode de l’émission Surrounded où il est opposé à 20 électeurs d’extrême-droite. Je vous encourage à les soutenir car comme il le dit lui-même « Free press does not come for free »

- Océan. Parce que j’ai fait tomber grâce à lui beaucoup de mes préjugés sur la transidentité. Il m’a aussi permis de m’interroger sur mon rôle dans les nombreuses discriminations et stéréotypes qui gangrènent notre société. Il a filmé sa transition et beaucoup d’autres choses passionnantes dans une passionnante série disponible sur France Télévisions.
Je l’ai découvert grâce à son article dans le livre « Bienvenue au Wokistan », un ouvrage collectif édité par Binge Audio et que je vous recommande vivement

- Quentin Delval. Parce que dans son livre « Comment devenir moins con en 10 étapes », il a le courage d’interroger de manière ludique et percutante, son statut, ses privilèges et ses habitudes d’homme blanc, cis et hétéro. A défaut de devenir un mec bien, c’est la première étape pour devenir un mec un peu moins con.

- Timothée Parrique. Parce qu’il a le même prénom que mon petit frère, qu’il a la plus belle moustache du monde francophone après celle d’Hercule Poirot, et qu’il est expert de quelque chose dont je suis tout à fait incapable: faire la sieste. Si vous y ajoutez qu’il est LE grand spécialiste de la décroissance et que c’est un économiste brillant, vous comprendrez que je suis fan. Son grand classique, « Ralentir ou périr ». Vous pouvez aussi l’écouter dans l’excellente émission de Swann Périssé Y’a plus de saison

Et mon préféré pour la fin…

Nan, je déconne… Vous avez eu peur hein 😉 ?