Née en 1982 à Marseille, Keny Arkana est une des grandes représentantes du rap française. C’est aussi une militante altermondialiste engagée, membre du collectif la Rage au peuple fondé en 2004.
Je vous partage deux de ses textes parmi mes préférés, « La mère des enfants perdus » et « Cinquième soleil », que je vous invite aussi à écouter!
La mère des enfants perdus
Je suis celle qui accueilleLes mômes en mal d’amourQui se perdent bien souvent dans ma gueuleCeux qui demeurent sans repèresGosses de famille détruitesIls me prennent comme mère pour avoir des frèresJe deviens celle avec qui ils passent le plus de tempsEt ils sont fiers d’être de mes enfantsIls portent mes couleurs dorénavantIls doivent prouver qu’ils sont dignes de mon rangMe prouver à moi, en prouvant à leurs frèresQu’ils en ont dans le froque en provoquant l’enferQu’ils puissent étoffer leur palmarèsPour alimenter le pacteJusqu’à ce qu’ils se perdent dans leurs prouessesJe leur ai inculqué qu’il n’y a ni bien ni malJuste des faibles et des forts à l’instinct animalParce que dans mes artères coule la jungleC’est chacun pour soi et tous sur celui qui va geindre
Je suis la rueLa mère des enfants perdusQui se chamaillent entre mes vices et mes vertusJe suis la rueCelle qui t’enseigne la ruseViens te perdre dans mon chahutJe suis la rueLa mère des enfants perdusQui se chamaillent entre mes vices et mes vertusJe suis la rueCelle qui t’enseigne la ruseViens te perdre dans mon chahut
Viens, tu m’as choisi comme mère quand tu es en vadrouilleReste avec moi quitte les bancs scolairesJ’t’apprendrais la débrouilleTu n’as pas de place dans leur mondeMais ici je t’en donne uneÀ toi de la garder du ciment tu peux faire fortuneConduis-toi comme un roi le reste viendraJe suis avec toi mais faut honorer le pacte souviens-toiJe t’enseignerais l’agilité pour dompter la chanceJ’ai composé la chanson, celle où le diable mène la danseSûr, orphelin je t’offrirais des sensationsDes jerricanes d’adrénaline pour assouvir tes tentationsTes parents vont me maudireAlors sans une excusePour moi tu vas les faire souffrirJe serais la cause de vos disputesMoi, qui t’accueille à bras ouverts si tu prends la porteViens, j’t’offrirais de l’argent à te faire et pleins de potesQui seront tes compagnons, tes frèresCar mes fils aveuglés c’est à cœur joieQue vous sombrerez dans mes vices
Je suis la rueLa mère des enfants perdusQui se chamaillent entre mes vices et mes vertusJe suis la rueCelle qui t’enseigne la ruseViens te perdre dans mon chahutJe suis la rueLa mère des enfants perdusQui se chamaillent entre mes vices et mes vertusJe suis la rueCelle qui t’enseigne la ruseViens te perdre dans mon chahut
Pour monter en grade, c’est vols, deals, comme tu dévalisesMais ne balise pas ça t’aide à affûter ta maliceMais réalise que si tu te fais pincerTu n’as plus de valeur à mes yeuxTu seras seul, moi mes enfants sont nombreuxMais même en tôle tu seras fier d’être un de mes mômesMoi qui ai gâché ta vie en te façonnant dans mon mondeJe t’ai détourné des tiens, ta famille, tes étudesEt toi, tu me chantes des louangesCertains font même des raps sur moiTu dois convaincre les indécis qui doutent de mes vertusJe suis la mère diabolique des enfants perdusCertains y ont laissé leur vie si jeunes et dur à croireMorts pour l’honneur, pour le pacte, morts pour la gloireJe suis la rue, sans scrupule et sans cœurJe me nourris de ces âmes perdues si jeunes et en pleursEn manque d’amour, je suis le recours de ces gosses en chagrinLaisse pas traîner ton fils sinon il deviendra le mien
Je suis la rueLa mère des enfants perdusQui se chamaillent entre mes vices et mes vertusJe suis la rueCelle qui t’enseigne la ruseViens te perdre dans mon chahutJe suis la rueLa mère des enfants perdusQui se chamaillent entre mes vices et mes vertusJe suis la rueCelle qui t’enseigne la ruseViens te perdre dans mon chahut
La rue t’élève et te tueC’est pas ta mère et si tu crèves elle aura d’autres enfantsLa mort ou la prisonLe laisse pas chercher ailleurs l’amour qu’il devrait y avoir dans tes yeuxLa rue t’élève et te tueC’est pas ta mère et si tu crèves elle aura d’autres enfantsLa mort ou la prisonLe laisse pas chercher ailleurs l’amour qu’il devrait y avoir dans tes yeux
Cinquième soleil
Mon espèce s’égare, l’esprit qui surchauffeLes gens se détestent, la guerre des égosXXIe siècle, cynisme et mépris, non respect de la Terre, folie plein les tripesFrontières, barricades, émeutes et matraquesCris et bains d’sang, bombes qui éclatentPolitique de la peur, science immoraleInsurrection d’un peuple, marché des armesNouvel Ordre Mondial, fusion de terreurL’homme, l’animal le plus prédateurLe système pue la mort, assassin de la vieA tué la mémoire pour mieux tuer l’av’nirDes disquettes plein la tête, les sens nous trompentTroisième œil ouvert car le cerveau nous mentL’être humain s’est perdu, a oublié sa forceA oublié la lune, le soleil et l’atomeInversion des pôles vers la haine se dirigeA perdu la raison pour une excuse qui diviseL’égoïsme en devise, époque misérableHaine collective contre rage viscéraleUne lueur dans le cœur, une larme dans l’œilUne prière dans la tête, une vieille douleurUne vive rancœur, là ou meurt le pardonOù même la voix prend peur, allez viens nous partonsDes lois faites pour le peuple et les rois tyrannisentConfréries et business en haut d’la pyramideÇa sponsorise le sang, entre chars et uzisInnocents dans un ciel aux couleurs des usinesUn silence de deuil, une balle perdueToute une famille en pleurs, un enfant abattuDes milices de l’état, des paramilitairesDes folies cérébrales, des peuples entiers à terreBidonvilles de misère à l’entrée des palacesLiberté volée, synonyme de pap’rasseHumanité troquée contre une vie illusoireEntre stress du matin et angoisses du soirDes névroses plein la tête les nerfs rompusCaractérisent l’homme moderne, bien souvent corrompuEt quand la ville s’endort, arrive tant de foisUne mort silencieuse, un SDF dans le froidPrison de ciment, derrière les œillèresLe combat est si long, pour un peu de lumièreLes familles se déchirent et les pères se font raresLes enfants ne rient plus, se battissent des rempartsLes mères prennent sur elles, un jeune sur trois en tauleToute cette merde est réelle, donc on s’battra encoreC’est la « malatripa » qui nous bouffe les tripesUne bouteille de vodka, quelques grammes de weedCertains ne reviennent pas, le serage est violentSubutex injecté dans une flaque de sangDes enfants qui se battent, un coup d’couteau en tropC’est plus à la baraque que les mômes rentrent tôtIls apprennent la ruse dans un verre de colèreFormatage de la rue, formatage scolaireC’est chacun sa disquette, quand les mondes se rencontrentC’est le choc des cultures, voir la haine de la honteLes barrières sont là, dans nos têtes bien au chaudLes plus durs craquent vite, c’est la loi du roseauNon, rien n’est rose ici, la grisaille demeureDans les cœurs meurtris qui à petit feu meurentNe pleure pas ma sœur car tu portes le mondeNoble est ton cœur, crois en toi et remonteN’écoute pas les bâtards qui voudraient te voir tristeMême Terre-mère est malade, mais Terre-mère résisteL’homme s’est construit son monde, apprenti créateurQui a tout déréglé, sanguinaire prédateurBabylone est bien grande mais n’est rien dans le fondQu’une vulgaire mascarade au parfum d’illusionMaîtresse de nos esprits, crédules et naïfsConditionnement massif, là où les nerfs sont à vifsDans la marche et la rage, bastion des galériensEnsemble nous sommes le monde et le système n’est rienPrend conscience mon frère, reste près de ton cœurMéfie-toi du système, assassin et menteurÉloigne-toi de la haine qui nous saute tous aux brasHumanité humaine, seul l’Amour nous sauv’raÉcoute le silence quand ton âme est en paixLa lumière s’y trouve, la lumière est rentréeVérité en nous-même, fruit de la créationN’oublie pas ton histoire, n’oublie pas ta missionDernière génération à pouvoir tout changerLa vie est avec nous n’aies pas peur du dangerAlors levons nos voix, pour ne plus oublierBout de poussière d’étoile, qu’attends-tu pour briller?Tous frères et sœurs, reformons la chaîneCar nous ne sommes qu’un divisé dans la chaireRetrouvons la joie, l’entraide qu’on s’élèveUne lueur suffit à faire fond’ les ténèbresS’essouffle ce temps, une odeur de souffreLa fin se ressent, la bête envoute la fouleLes symboles s’inversent, se confondent les obsèquesL’étoile qui fait tourner la roue se rapproche de not’ cielTerre à l’agonie, mal-être à l’honneurFolie, calomnie peu d’cœur à la bonne heureIgnorance du bonheur, de la magie de la vieChoqué par l’horreur, formé à la survieL’époque, le pire, une part des conséquencesLe bien, le mal, aujourd’hui choisis ton campL’être humain s’est perdu trop centré sur l’avoirLes étoiles se concertent pour nous ram’ner sur la voieQuadrillage ficelé, mais passe la lumièreAies confiance en la vie, en la force de tes rêvesTous un ange à l’épaule, présent si tu le cherchesQuand le cœur ne fait qu’un, avec l’esprit et le gesteLe grand jour se prépare, ne vois-tu pas les signes?La mort n’existe pas, c’est juste la fin des cyclesCette fin se dessine, l’humain se décimeEspoir indigo, les pléiades nous désignentLève ta tête et comprends, ressens la force en ton êtreDépasse Babylone, élucide le mystèreRien ne se tire au sort, que le ciel te bénisseEnfant du quinto sol, comprend entre les lignesComprends entre les lignesEnfant du quinto solLe soleil est en toiFait briller ta lumière intérieurePour éclairer le chaos de leur mondeOn est pas là par hasardLes pléiades nous désignentLève ta tête, comprends entre les lignes (la vie est grande)Écoute ton cœur(Désobéissance) Car la vérité est en nousCar la solution est en nousParce que la vie est en nous
Parce que la vie est en nous
Parce que la vie est en nous

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