George Sand, A Aurore, 1873

Vous connaissez certainement Georges Sand, mais saviez-vous que son vrai nom était Aurore Dupin?

Et qu’en plus de ses pièces de théâtre et de ses célèbres romans comme « La mare aux diables », « Consuelo » ou « La petite Fadette », elle avait aussi écrit quelques magnifiques poèmes, la plupart adressés à sa petite-fille, prénommée comme elle Aurore?

Dans la famille Dupin, je vous raconterai sûrement un jour l’histoire de Louise Dupin (1706-1799), arrière grand-mère par alliance de Georges Sand, patronne de Rousseau qui fut son secrétaire, grande philosophe des Lumières et pionnière du féminisme.

Le Poème « A Aurore » est extrait des Contes d’une grand-mère (1873). Vous pouvez en entendre sur France Culture une lecture avec un extrait d’interview de sa petite fille, Aurore Sand.

 

A Aurore

La nature est tout ce qu’on voit,
Tout ce qu’on veut, tout ce qu’on aime.
Tout ce qu’on sait, tout ce qu’on croit,
Tout ce que l’on sent en soi-même.

Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l’aime,
Elle est juste quand on y croit
Et qu’on la respecte en soi-même.

Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t’aime.
La vérité c’est ce qu’on croit
En la nature c’est toi-même

 

J’ai aussi découvert cette magnifique lettre écrite par George Sand à Alfred de Musset, l’un de ses grands amours, magnifiquement mise en musique par Céline Dion en 2007.

Prends ça dans les dents chatGPT, Aurore Dupin t’a mis en PLS!

 

Venise, 12 mai 1834
Non, mon enfant chériCes trois lettres ne sont pasLe dernier serment de main de l’amant qui te quitteC’est l’embrassement du frère qui te resteCe sentiment-là est trop beau, trop pur et trop douxPour que j’éprouve jamais le besoin d’en finir avec lui
Que mon souvenir n’empoisonne aucune des jouissances de ta vieMais ne laisse pas ces jouissances détruire et mépriser mon souvenirSois heureux, sois aimé, comment ne le serais-tu pas?Mais garde-moi dans un petit coin secret de ton coeurEt descends-y dans tes jours de tristessePour y trouver une consolation ou un encouragement
Aime autant qu’on maltraiteAime pour tout de bonAime une femme, jeune et belleEt qui n’ait pas encore aiméMénage-la, et ne la fait pas souffrirLe cœur d’une femme est une chose si délicate
Quand ce n’est pas un glaçon ou une pierreJe crois qu’il n’y a guère de milieuEt il n’y en pas non plusDans ta manière d’aimer
Ton âme est faite pour aimer ardemmentOu pour se dessécher tout à faitTu l’as dit cent foisEt tu as eu beau t’en dédire
Rien, rien n’a effacé cette sentence làIl n’y a au monde que l’amourQui soit quelque chosePeut-être m’as-tu aimé avec hainePour aimer une autre avec abandonPeut-être celle qui viendraT’aimera-t-elle moins que moiEt peut-être sera-t-elle plus heureuseEt plus aimée
Peut-être ton dernier amourSera-t-il le plus romanesque et le plus jeuneMais ton cœur, mais ton bon cœur, ne le tue pas, je t’en prieQu’il se mette tout entier dans tous les amours de ta vieAfin qu’un jour, tu puisses regarder en arrière et dire comme moiJ’ai souffert souvent, je me suis trompé quelques fois,Mais j’ai aimé


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