Anne Sylvestre, Douce maison, 1979

Je connaissais d’Anne Sylvestre ses chansons qui ont bercé toute mon enfance. Mais beaucoup moins son engagement féministe et la puissance de ses textes pour adultes.

Pour celles et ceux qui sont ne sont pas des champions des métaphores, sa chanson douce maison raconte l’histoire d’un viol à travers l’histoire d’une maison violentée.

Parce que comme elle le chante si bien, « il faut que cela s’arrête, elles doivent pouvoir vivre en paix »
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C’était une maison douce, une maison de bon aloiJuste ce qu’il faut de mousse répartie aux bons endroitsAssez de murs pour connaître une chaleur bien à soiEt ce qu’il faut de fenêtres pour regarder sans effroi
Non, non, je n’invente pasMais je raconte tout droit
Elle ouvrait parfois sa porte à ceux qu’elle choisissaitLa serrure n’est pas forte, maison, tu n’as pas dé cléMais avec sa confiance jamais elle ne pensaQu’on pût user de violence pour pénétrer sous son toit
Non, non, je n’invente pasMais je raconte tout droit
Advint qu’un jour de malchance une bande s’approchaOn sonne à la porte, on lance des coups de pieds ça et làA plusieurs, on s’encourage, on prétend qu’elle ouvriraEt commence le saccage, la porte on l’enfoncera
Non, non, je n’invente pasMais je raconte tout droit
Sauvagement ils pénètrent, dévastant tout devant euxIls obligent les fenêtres à s’ouvrir devant le feuAvec leurs couteaux ils gravent des insultes sur les mursEt s’en vont faisant les braves quand tout n’est plus que blessure
Non, non, je n’invente pasMais je raconte tout droit
La maison, depuis ce crime, n’a plus d’âme ni de nomMais elle n’est pas victime, c’est de sa faute, dit-onIl paraît qu’elle a fait preuve d’un peu de coquetterieAvec sa toiture neuve et son jardin bien fleuri
Non, non, je n’invente pasMais je raconte tout droit
D’ailleurs, une maison sage ne reste pas isoléeCelles qui sont au village se font toujours respecterQuand on n’a pas de serrure, il faut avoir un gardienC’est chercher les aventures que de fleurir son jardin
Non, non, je n’invente pasMais je raconte tout droit
Si vous passez par la route et si vous avez du coeurVous en pleurerez sans doute, c’est l’image du malheurMais rien, pas même vos larmes, ne lui portera secoursElle est loin de ses alarmes, elle est fermée pour toujours
Non, non, je n’invente pasMais je raconte tout droit
Si j’ai raconté l’histoire de la maison violentéeC’est pas pour qu’on puisse croire qu’il suffit de s’indignerIl faut que cela s’arrête, on doit pouvoir vivre en paixMême en ouvrant sa fenêtre, même en n’ayant pas de clé
Non, non, je n’invente pasMais je raconte tout droit

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